Siège du journal Le Monde

Lors de la conception de ce projet, Elizabeth de Portzamparc a pris en compte la spécificité du mode de vie des journalistes du Monde. A l’instar des mensuels ou des hebdos, les quotidiens sont soumis à la pression des impératifs de bouclage. L’architecte a proposé des espaces de vie collective qui permettent à chacun de faire le choix de s’isoler afin de retrouver une certaine sérénité ou de poursuivre les conversations de groupe. Elle a ainsi créé des espaces – cafétéria, salle à manger et jardin d’hiver – aux atmosphères très différentes qui déclinent une hiérarchie de l’intimité. On y découvre des lieux ouverts aux regards, des recoins plus discrets et des petites salles fermées : une cafétéria décontractée, ludique et stimulante, une salle à manger sobre, douce mais dynamique et un jardin d’hiver rigoureux, mais reposant et onirique. Un grand volume circulaire central de 5, 50 m de hauteur en résille métallique transparente et lumineuse abrite les deux petites salles superposées de la cafétéria, où l’on s’installe comme dans un cocon. L’éclairage, le plancher en chêne et une juxtaposition de quatre rouges différents réchauffent le lieu.

La designer poursuit cette démarche dans la longue salle à manger qui offre de larges vues sur Paris, où elle a scandé l’espace par des portiques. Ce vaste espace est réchauffé par la matière, «or mat» qui vibre  et atténue la rigueur des grands piliers. Un tout autre esprit anime la conception du jardin d’hiver : le thème du jardin est décliné de manière contemporaine : bois, plantes et eau. L’installation des végétaux a été faite selon une technique pionnière. Un jeu de lumières est intégré aux plafonds, murs et piliers afin de souligner l’architecture à la manière de sculptures dans l’espace. Elizabeth de Portzamparc s’est tenue à un budget restreint sans sacrifier la part de magie dans la conception de ces espaces de vie d’où se dégage le ciel de Paris.